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Date de création : 19.07.2014
Dernière mise à jour : 23.07.2014
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Le début de l'embrasement

Publié le 21/07/2014 à 20:45 par rebirth
Le début de l'embrasement

 

 

 

 

« Nous sommes tous fous ici.. »

 

 

Est la seule chose que j’ai retenue en 20 ans de vie commune avec mes parents.

On a toujours dans l’idée que les parents sont synonymes de quiétude, par logique psychoaffective de base.

 

Malheureusement ce n’est pas toujours la vérité, dans mon cas, ma seule quiétude se trouvait dans ma chambre, je ne l’entendais que couiner et je ne l’ai jamais vraiment trouvée, car trop fatiguée pour la chercher, en fin de compte.. Mais tout ne découle pas d’eux, bien qu’ils furent les protagonistes de ma vie il y a encore un an, et ces marionnettistes qui eurent raison de tous ces fils qui me raccordaient à eux, pour finalement en devenir des étrangers à mes yeux, juste par le tranchant des éclats de leurs cœurs.

 

L’histoire fractionnée en articles s’avèrera croissante dans l’âge, et raconte des faits qui ont réellement eu lieu.

Je resterais anonyme par préférence. Aucun des propos valorisants exprimés à mon égard n’auront de raison prétentieuse ou vaniteuse.

 

-

 

 

 

 

Les souvenirs que j’ai de mon enfance gravitent autour de ma première Game Boy, grise et grossière, puis de Cocotte, le cochon d’inde que nous avions adopté, de Petit Pierre, le poisson rouge de la maison, et de la première et unique fois où elle m’a prouvé que la bonté existait, rien qu’en remettant cette petite bête dans un bocal d’eau fraiche. Je n’ai pas non plus oublié le fromage que je cachais dans l’appartement pour piéger la petite souris, je préférais sûrement me prouver que les choses merveilleuses pouvaient être tout autant réelles que ma mère devenant alcoolique.

 

Je crois que cette maladie, ce sont les autres et leur regard qui me l’ont fait réaliser, lorsque ma mère titubante me cueillait d’un semblant naturel, à 16h30, pour m’emmener naturellement vers cette chrysalide où goûter, devoirs inutiles de 3 ou 5 exercices sur les pages 54, 55, 56, et dessins animés de Denver le dinosaure apposaient leur règne sur mon enfance à l’ombre insidieuse. Enfin ça, lorsqu'elle ne s'appropriait pas les loisirs auxquels je m'adonnais afin d'en faire ses distractions subtilisées.

 

Et outre tous ces souvenirs non mentionnés qui m’ont bordé, je n’ai jamais oublié mes premiers pas à l’école. Le sentiment d’être aliénée voire hors sujet, hors contexte ne m’a jamais quitté, et j’ai trainé cette différence tout le long de ma piètre scolarité.

Je ne comprenais pas, je ne comprenais pas ce besoin affectif d’équivalent familial qui bordait les autres enfants regroupés au sein d’une classe, d’une école. Je crois que je n’ai même jamais compris pourquoi j’étais là, à « l’école ».

Je ne savais rien de moi, j’étais perdue, je me sentais rejetée et trop lucide au niveau empathie pour faire semblant d’être à l’aise avec eux.


Je n’ai jamais oublié, non plus, toutes ces fois où mes camarades m’ont fait pleuré, de manières toujours plus inattendues et inventives.

 

J’avais 7 ans.

 

A quasiment chaque récréation, j’étais seule, et je ne sais pas pourquoi. La plupart du temps, je les regardais jouer, tandis que je m’accommodais de jeux solitaires, tels que ma fière collection de cartes Pokémon, le combat de toupies, mon ballon de basket.. Je déambulais dans la cour en conjuguant les verbes auxquels je pensais ou que je venais d’entendre, à toutes les personnes et à tous les temps que je connaissais, je calculais les briques devant lesquelles je passais, et toutes sortes de choses, je n’arrivais pas à m’entraver de ce rythme, j’avais une propension de calcul, quasiment magnétique à mon contexte.

En classe, même topo, j’extrapolais des méthodes de calcul que l’instit n’avait pas proposé, et qui s’avéraient justes. La prof d’anglais en venait, par exaspération bénigne, à me laisser faire le cours à sa place, le plus drôle est que tous mes camarades me croyaient douée dans cette langue car ma mère était d’origine anglaise, finalement, des années après, j’ai compris que ça n’avait aucune cohérence logique.

Des performances de ce genre ont représenté 50% de ma scolarité dans le primaire, j’ai su me souvenir entièrement d’un livre bâclé et lu 3 jours auparavant, pour en faire le résumé en devoir, et en récolter la meilleure note, j’avais 20 de moyenne en biologie sans réviser mon cours, c'était comme un jeu pour moi.

 

Je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir travaillé à proprement parler, une seule fois dans toute ma scolarité. C’est comme si j’étais sélective envers les matières qu’il me convenait d’étayer et d’élucider de moi-même, je choisissais d’ajuster mes performances et de les optimiser ou non, en fonction de ma décision.

 

Puis un jour, lors d’une journée banale en CE2, j’ai été déposée dans une classe de CM1, juste comme ça, déposée. Je ne comprenais pas la nécessité de ce transfert. Rien ne s’en est suivi, puis peut-être 1 ou 2 ans après, j’ai questionné mes parents plus sérieusement sur cette réalité de moi-même que je ne connaissais que superficiellement, juste en l’appréhendant, je les ai interrogés sur ce transfert très bref que l’on m’avait imposé sans que je n’en connaisse la finalité, ainsi un fin déroulement de vérités auxquelles je n’étais pas préparées venaient de glisser devant moi à l’égal d’un titan spatial tout juste posé d’une planète apparaissant comme « logique » : Lors de cette année, j’aurais du sauter mon CE2 (Cette phrase a un arrière goût très osé mais ce n’en est rien hein), j’aurais soi disant été dans cette catégorie de personnes que l’on entrevoit comme élitiste car insaisissables de par leur fonctionnement cognitif encore bien mystérieux, alors oui, je serais surdouée, mes premiers mots probablement un peu écorchés auraient été entendus vers mes 3 mois, et il en aurait déjà été de même, le même combat que lors de cette année à l’initiative étrange ; J’aurais du sauter ma classe de Grande section maternelle, démarche refusée par l’académie ou quelque chose de ce genre.

 

Et finalement, sauter des classes, à moins d’être une salope, je m’en fichais, le plus adapté n’était pas dans le plus, mais dans le mieux.

 

Je n’ai cessé, au fil des années, perplexe de cette révélation très soudaine, de continuer à questionner mes parents sur moi-même et ce fonctionnement extrême, je n’y accordais pas grande crédulité car je ne savais pas à quel point ce que j’étais et suis changerait ma vie. Au fil de mes âges, ils maintenaient le fait que j’eus débuté mon langage à 3 mois, appuyaient le fait que j’eus été très en avance, cependant durant tout ce temps, tronqué à partir de ma 6ème, j’étais perdue, je me sentais différente et douloureusement lucide, j’en ai conservé des souvenirs très précis et habilement orientés, et je me souviens parfaitement de ce contraste émotionnel qui a déchiré ma conscience de celle de mes camarades de primaire.

A partir de la période collège, j’ai très bien compris que j’endosserais le rôle de l’intello bizarre, incompatible avec l’évolution pré pubère ambiante qui s’agitait dans une puérilité nauséabonde, alors dès la 5ème, j’ai été contrainte de m’en délier, car subissant des violences scolaire que mes parents n’ont jamais su écouter, comme à leur habitude.

 

Mes résultats ont chuté comme une ampoule contrainte à s’exploser au sol a cause des normes de la gravité, puis j’étais mal, je réalisais quotidiennement que je me fourvoyais à l’idée d’avoir des amies dans cette fosse aux lions, j’étais la cible de leur propre évolution dont elles ne savaient saisir les rennes. Alors bien entendu tout s’est enchainé vélocement et cruellement, le sabotage de moi-même était indispensable pour ma survie émotionnelle, et je fis l’erreur d’engager la prédominance sociale au détriment de mon accomplissement académique.

 

 

Mes parents ne comprenaient pas et cultivaient progressivement une amertume envers moi, la phobie scolaire me gangrénait,

je chutais.